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ENQUÊTE - A ce stade des investigations, aucune piste n’a été écartée. Toutefois, plusieurs sources émettent de sérieux doutes sur cette hypothèse défendue par certains
C’est une petite musique lancinante qui, peu à peu, est devenue entêtante : et si Mohamed Amra ne s’était pas vraiment échappé ? Et si l’homme le plus recherché de France était, en réalité, victime d’un enlèvement dans le cadre, par exemple, d’un règlement de compte ? Son avocat, Me Hugues Vigier, a été l’un des premiers à évoquer cette piste, dès le lendemain de l’attaque meurtrière contre le convoi pénitentiaire. Se disant « abasourdi » par cette affaire, il a confié, au micro de BFM, avoir du « mal à imaginer que ce garçon puisse être impliqué ». Et le conseil d’émettre la possibilité « qu’on soit venu le chercher non pas pour le libérer, mais pour l’avoir à disposition et peut-être lui faire payer ce qu’on suppose qu’il aurait commis
Quelque 350 policiers sont actuellement mobilisés pour tenter de retrouver le détenu et le commando qui a mené cette attaque aussi minutieuse que violente. « Toutes les enquêtes ont été mises en pause pour avancer sur ce dossier prioritaire », assure une source policière. A ce stade des investigations, aucune piste n’a été écartée. Toutefois, plusieurs sources bien informées se montrent très sceptiques sur l’hypothèse d’un « kidnapping ». « Difficile à croire », « un peu tiré par les cheveux », « on n’est pas à Hollywood », répondent, une à une, ces dernières. « Sur le fond, cela ne change rien aux enquêtes, mais c’est vrai que c’est un scénario moins vraisemblable », poursuit une source proche de l’enquête.
Un criminel chevronnéPour étayer l’hypothèse d’un kidnapping, certains s’appuient sur les images de vidéosurveillance : Mohamed Amra semble mettre un peu de temps à sortir du fourgon. Il se passe près d’une minute et 40 secondes avant que sa silhouette, tout de noir vêtu, des baskets blanches aux pieds, apparaisse. En réalité, à regarder de plus près les images, un assaillant tente à plusieurs reprises d’ouvrir le véhicule. En vain. Un surveillant, sous le joue d’une arme automatique, finira par ouvrir la porte. Quid également de sa tentative d’évasion quelques jours auparavant ? Mohamed Amra avait commencé à scier les barreaux de sa cellule et venait d’être placé à l’isolement. Les plus sceptiques se sont interrogés sur cette tentative alors même qu’une opération d’ampleur se préparait, d’autres y voient un signe de sa détermination.
Si plusieurs sources policières reconnaissent avoir été surprises d’une telle opération pour libérer Mohamed Amra, elles appellent à ne pas minimiser son profil. Sans un être un « baron » du trafic de drogue, il est décrit comme « un commanditaire », en lien étroit avec des narcotrafiquants marseillais. A tout juste 30 ans, le Rouennais surnommé « la Mouche » a déjà été condamné à treize reprises pour divers délits, des vols et des violences, essentiellement. Mais ce sont les affaires en cours qui laissent entrevoir la dangerosité de son profil. Mohamed Amra est mis en examen – entre autres – pour tentative d’assassinat à Rouen et meurtre en bande organisé, enlèvement et séquestration à Marseille.
Certes, Mohamed Amra n’était pas un « détenu particulièrement signalé » (DPS) mais sa sécurisation avait récemment été revue à la hausse, a indiqué la procureure de Paris le soir même. Deux agents supplémentaires – en plus des trois requis – avaient été déployés lors de ce transfert. Tous étaient armés. Des précautions qui n’ont malheureusement pas été suffisantes.
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